D’où commencer pour changer ? Ca suffit les batailles misérables pour la domination du quartier de son propre cœur, ça suffit le gros ventre, ça suffit ce corps, ça suffit cette tête pensante, ça suffit cette sexualité moue, ça suffit ‘ça suffit’. Je dois être droit, fort et rapide comme une flèche lancée par un chevalier tartare dans la steppe avec les fesses irritées et calleuse par le frottement infini avec son cheval. Prendre des décisions est toujours difficile. Prendre la décision de changer ça veut dire prendre la décision la plus difficile que je pourrais jamais prendre. Il faut viser vers le haut, il faut viser gros ! Mais dans l'excitation de cette décision définitive, j’ai donc décidé de tracer une liste des choses à faire pour changer. La règle sous-jacente à cette liste de règles (car quand on commence à faire des règles on a tout de suite envie d’en faire d’autres pour règlementer les premières et puis d’autres pour sous-règlementer celles qu’on vient de faire et ainsi à l’infini) est : ne pas accepter de compromis, ne pas faire des prisonniers. Je l’ai notée dans mon carnet et je la partage avec toi. Liste des choses à faire pour changer : 1 : Arrêter de penser à Prizkwornietkzowict, à l’Haute-Savoie soviétique et à tous, mais vraiment à tous ses habitants et à leurs habitudes et leurs bizarreries et leur prises de positions et à leurs moustaches et à leurs vengeances – tu as compris de qui je suis en train de parler, cher journal – et aux ours aussi : ne faire plus confiance aux ours. (Note à la règle 1 : Et si c’est elle… je veux dire un des habitants de Prizkownieyrk à m’écrire en premier, quoi faire ? Ne pas répondre serait désagréable ? Est-ce que dans l’oubli il faut garder les principes de base de la politesse et de la cordialité entre êtres humains ? Est-ce que ce citoyen de l’Haute-Savoie soviétique est vraiment un être humain ? Est-ce qu’il n’aurait pas été mieux qu’un ours règle le problème avant qu’on se retrouve à devoir écrire des règles pour ne faire plus de référence aux soviets ?) 2 : Sortir de l’impasse. Ou relancer avec vigueur les malentendus avec le voisin-pipi ou laisser tomber du tout cette histoire. Combien de pipi pourrait-il encore me lancer sur la tête ? Avant ou après va se fatiguer : personne n’a tellement de pipi dans son bas ventre pour inonder le monde. Personne n’a tellement de temps pour continuer à faire pipi sur un homme avec un cœur imperméable aux provocations et qui se refuse de rentrer en conflit pour quelques litres de pipi tombé du ciel : «On gagne la guerre avant de rentrer en guerre. N’oubliez pas de mettre de bonnes doubles chaussettes renforcées si la bataille se passe dans les marécages hollandaises.» (Luc Sun Tzu) (Note à la règle 2 : Et si c’était lui à faire de monter de niveau avant moi ? Est-ce que n’est pas comme ça qui a commencé la guerre froide ? Je devrais lui tirer de la caca en premier ? A réfléchir et entre temps s’habiller toujours avec des habits imperméables.) 3 : Lire plus et arrêter avec ces réseaux sociaux et les autres sites, tu sais, les autres quand tu te sens sensuel. Il faut passer du virtuel au concret. (Note à la règle 3 : Est-ce que je serai prêt ? Est-ce que dois m’entrainer tout seul d’abord ? Ou bien je me suis déjà entrainé à suffisance ? Est-ce que je dois faire plus de fitness-maison, me muscler, soulever le fauteuil encore et encore et plier les fourchettes, faire que cette poitrine soit du fer fourrée d’acier ? Je dois faire plus de yoga, vraiment je veux dire, non comme quand tu t’inscrire aux cours de yoga pour regarder diplomatiquement les autres, il faut arrêter avec tout ça, il faut être correcte et musclé. Il faut y croire, voilà, il faut y croire !) 4 : N’avoir pas honte de son identité et de son corps. Envoyer donc mes photos à poil à la fille de Whatsapp sans se faire des soucis par rapport à la forme : c’est mon intelligence qui compte. Et puis un cul est toujours un cul ! (Note à la règle 4 : Toute une foule de questions tombent sur mon cœur : Suis-je trop cru et trop dur avec ce monde ? Je dois déjà envoyer le numéro de ma carte de crédit ? Je dois attendre qu’un vrai sentiment se créa ? Est-ce qu’il n’était pas mieux avant quand on payait cash ? Est-ce que l’amour a un prix ?) 5 : Arrêter de se poser des questions inutiles et de faire des notes en bas de page qui personne va jamais lire même ta famille, tes amis, ton chien - et t'as même pas un chien : « Connais-toi toi-même et surtout connais-toi ta belle-mère et surveille ce qu’elle te met dans le vin. » (Socrate). 6 : Arrêter de citer des philosophes morts. Se souvenir que les penseurs vivants doivent mourir, avant de devenir philosophes. Une fois morts, on ne va pas les citer. Avant la mort, que des insultes. Donc ça reste, arrêter de citer des philosophes car en tout cas avant ou après tout le monde va mourir. 7 : Faire des activités constructives pour l’environnement. Tirer des pierres contre les écureuils, il y en a trop. Aussi des chameaux. Il faut arrêter avec les chameaux et les écureuils. Oui, surtout les chameaux. Je commence par les écureuils. Je tire des pierres. Si je les chope, je les mange. Si je ne le chope pas, alors essayer de viser le chat des voisins. Si je le chope, je le mange. Si je ne le chope pas, essayer de tirer des pierres contre la voisine du sixième qui marche avec la canne – elle va plus lentement, c’est plus facile. 8 : Manger de manière plus saine et vivre dans une ambiance plus saine ! Par exemple, préférer le porc farci aux fruits de mer crus avec jambes d’hippocampes sucrées plutôt que le cheval fourré d’amandes confies et poireaux d’alpage domestique cuit dans la liqueur du port d’Angers de l’ancienne régime. 9 : Aller à la rencontre du monde ! Quand tout ce confinement arrivera à son terme et si tu seras encore en vie, alors vas-y lance toi dans les bras des gens, des bêtes, des abeilles, des lions, des rhinocéros, les lamas, les mutons, les dauphins, les canards, les sapeurs-pompiers, les gens de la poubelle, les éléphants, les boulangers, les gens sur la trottinette électrique même s’ils vont vite, prendre tout le monde entre les bras sans discrimination (tous sauf le voisin, cf. point numéro 2). 10 : Euh, euh, bon, j’ai oublié ce que j’avais décidé de faire en dixième, mais je suis sûr que ça va revenir et si ça revient tu vas voir ! C’est surement la plus forte ! Celle qu’il ne faut surtout pas oublier et qui va vraiment couronner tout ce parcours de changement, si seulement je m’en souviendrais ! Acheter du PQ, du porc, des hippocampes, du poulpe toujours du poulpe. Choses à faire : récolter suffisamment de pierres de tir, afficher les dix règles pour le changement partout dans les toilettes et sur la porte d’entrée. Se souvenir de la dixième règle.
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