top of page
Immagine del redattoreAlessandro

Journal de confinement. Jour 1958. (ou de la première rencontre avec Milena de Prizkornykjwz)

Je devais avoir huit ou neuf ans. C’était l’été. Et je ne le savais pas encore, mais une autre chute allait changer ma vie. Les crises et les chutes et les défaites sont toujours l’affaire de l’été. J’étais en train de jouer à la plage avec les amis. Notre jeu favori était se tirer des pierres en essayant de toucher l’adversaire sur le zizi – toujours des adversaires dans ce monde. Moi j’avais une bonne mire et plusieurs entre mes amis ont porté les signes de mes cailloux-projectiles sur leurs zizi pendant des semaines et des semaines en inventant n’importe quelle histoire pour leurs mamans inquiètes d’avoir élevés des pervers maniaques en les voyants se gratter et se toucher tout le temps et mettre de la glace sur leur zizi. On courait, on se tirait des pierres, on tombait au sol souffrants. Quelqu’un entre les plus sensibles, après avoir été touché par une grosse pierre, se lançait dans l’eau par la douleur. C’était très amusant, il faut le dire, et si j’y pense aujourd’hui, cher journal, je me touche le zizi et je prends notre jeu comme une métaphore de la vie : avant ou après il y a toujours un pierre qui va toucher le zizi et ça fait mal. Parfois je me demande si je ne devrais pas me mettre à écrire mes pensées sur l’éthique et la morale mondaine en forme d’aphorisme. Suis-je trop ambitieux ? Mais bon, mon cher journal, c’est encore un de ces pensées mégalomanes dont je suis de plus en plus la proie depuis que ce confinement a commencé. Le meilleur joueur dans notre groupe était Pierre-Marie D’Angers : il était le vrai champion de la discipline. C’était aussi grâce au fait que Pierre-Marie D’Angers il avait deux grandes cuisses tournées vers l’intérieure à cause des genoux valgus. Et entre ces cuisses majestueuses le zizi disparaissait quand il était début, et donc c’était pratiquement impossible de le toucher, même avec les tirs les plus précises faites par nos meilleurs snipers. La seule manière pour vaincre Pierre-Marie D’Angers c’était de s’organiser en équipe de deux voire trois personnes. Comme ça, une partie de l’équipe essayait de le faire tomber en sacrifiant son zizi pour la cause commune, vu qu’il fallait s’approcher de Pierre-Marie D’Angers pour le faire tomber, en exposant la fierté du patriarcat à la punition et la douleur qu’inexorablement allait être infligée. Une fois sur le sol, ça ne restait que quelques seconds avant qu’il se retourne sur le ventre, et pourquoi son zizi fut exposé finalement aux coups et c’était alors que le reste de l’équipe arrivait comme une foudre et il déchargeai sur le zizi de Pierre-Marie D’Angers un grosse pierre qui le mettait knock-out pour une semaine au moins. Il faut dire qu’après les premiers temps sauvages et héroïques de l’invention de notre jeu, désormais tout le monde sortait de la maison pour aller à la plage, seulement après avoir fourré le maillot de bain d’une plaque ou une tablette de métal achetée chez les ferrailleurs qui faisaient le tour des quartiers pour récupérer du matériel à revendre à poids au service communal du recyclage des matériaux lourds et radioactifs. D’autres copains remplissaient leur maillot de bain avec du sable de protection où cachaient leur zizi. Et d’autres encore, entre les plus originaux, plaçaient les couvercles en acier inox inoxydable des casseroles de nos mamans dans le maillot de bain et le tenant le plus immobiles possibles avec des larges élastiques autour de la taille. Tout cet attirail était complété par les cailloux que tout le monde portait dans les poches des maillots de bains ou pour les autres qui avaient des maillots de bain comme des slips à l’intérieur pour être prêts à les sortir s’il fallait saisir l’occasion d’une escarmouche improvisée. Comme ça, d’une manière ou d’une autre, tout le monde marchait avec des jambes cambrées, comme des pistoleros qui ont passé trop de temps sur le cheval des film spaghetti western et que dans chaque film on voit le soleil et l’adversaire y passer à travers, et souvent on devait se tenir les maillots de bains avec une main pour éviter qu’ils tombaient. Et nos mamans se demandaient pourquoi les couvercles des casseroles étaient tous avec des bosses et nos batailles étaient désormais pleines de sdeng et schaft (cher journal ça devrait être la rumeur d’un caillou lancé sur du sable – suis-je trop méticuleux dans mes description ? Ça pourrait bien être un symptôme d’une syndrome obsessive compulsive ? Dois-je me considérer comme une personne à l’abri des psychologues ? Est-ce qu’on peut vivre pleinement ses propres obsessions et folies sans qu’une horde de psychologues vienne nous dire ce que ça veut dire et quoi faire ? Parfois si j’y pense j’aimerais avoir avec moi encore des cailloux dans la poche et sdeng sur les psychologues !).


Un jour nous étions tous dans l’eau, durant une pause de notre éternelle bataille de pierre sur le zizi et on se relaxait en se massant, sans être vus, nos partie génitales qui désormais commençaient à s’habituer à la douleur – mais quand même pour des garçons de notre âge c’était toujours beau de se masser là en bas. Sur la route juste avant la plage un énorme autobus rouge et rouillé s’était arrêté. C’était midi et le soleil était très fort. Sur le côté du bus il y avait une écrite délavée dans une langue que je ne comprenais pas. Mais c’était couleur argent et sur le rouge rouillé avec toute la lumière qu’il y avait, brillait à faire mal aux yeux. Deux femmes blondes et énormément grandes sont descendues en premier. Elles aussi brillaient tellement avec leur tenue beige et le rouge à lèvre. Mes copains, après un premier regard distrait vers l’autobus, faisaient du bruit et soulevaient de l’eau en se jetant l’un sur l’autre. Mais par hasard personne faisait attention à moi, comme si mon isolement se reflétait aussi sur le monde en me faisant disparaitre. Moi que j’avais le regarde fixe sur la route et le bus et tous ceux et celles qui commençaient à descendre l’un après l’autre. Toute une série d’enfants un le plus blonde de l’autre et tous disproportionnément grands par rapport à leur âge qu’on aurait découvert être la même que la nôtre. Il paraît qu’ils avaient été élevés par des géants qui les nourrissaient avec de la bouffe spéciale, pour être tous blonds, forts et ressemblants les uns aux autres. Pas comme moi et mes amis qui étions un bataillon de tous les tailles, les formats et les couleurs. Tout le monde était parfaitement habillé de la même manière avec un pantalon et une t-shirt blancs. J’étais éblouis par toute la lumière du soleil estivale qui se reflétait sur les blond des cheveux des enfants et je commençais à penser de me trouver confronté au plus grand groupe de jumeaux de la planète et imaginer qu’il avait fallu toute une semaine et des embouteillages dans le ciel pour que les cigognes amènent toute la nichée chez la maman et le papa ou bien une cigogne géante, probablement la cigogne la plus grande de la planète pour amener le groupe de jumeaux plus grand de la planète. A l’époque parfois je me perdais dans des pensées de ce type. (Est-ce que quelque chose a changé ? Ai-je perdu mon innocence ? Ou simplement ma capacité de rêver est devenue une plus banale trouble paranoïaque-compulsive avec un brin de sentiment de persécution, comme il m’a dit une fois Evaristo Carriejo Lopez, gérant de la boulangerie Lopez y Lopez&co. ?) Quand tous les enfants furent descendus, l’énorme autobus rouge repartit en exposant au soleil impitoyable les têtes blondes et les yeux clairs des enfants et de ceux qu’on aurait dit être les chefs de l’expédition. Mais personne entre eux semblait être gêné par la lumière ou levait la main pour se protéger les yeux, mais tous regardaient droit devant eux vers la plage, la mer et moi, comme le périscope d’un sous-marin de guerre qui fixe son objectif avant de lancer le silure qui le fera exploser. D’un coup, ils ont commencé à marcher sur la plage de manière ordonnée et avec un rythme régulière en formant une ligne parfaitement droite en direction de la mer et de moi. Je fus pris par un sentiment de peur et je fis un pas en arrière et probablement j’aurais commencé à courir et me cacher pour les espionner, si je ne me fisse trouvé pas au milieu de l’eau et sans possibilité d’aller nul part. Les enfants s’approchaient de plus en plus de la rive et la lumière qui émanaient devenait de plus en plus intense. Mes copains qui avaient continué à se jeter l’un sur l’autre et expérimenter combien de temps on tenait sous l’eau avant de suffoquer et se noyer, s’arrêtaient pour une longue seconde. Mais il fut seulement un instant, long et calmissime, comme c’est calme avant la tempête ou les décisions qui amènent au désastre. Et après, après, sans se consulter, sans même pas y penser, poussés probablement par la haine instinctuelle qui caractérise tous les groupes vers qui ne fais pas partie du groupe et vers qui est différent et surtout qui est étranger, ils prirent la pire décision qui auraient pu jamais prendre face à ce bataillon bien ordonné luminescent d’enfants blonds géants – et surtout, chose que nous allaient découvrir immédiatement, totalement capable de se battre comme un vrai kommando d’autrefois. D’un coup tous mes copains commençaient à getter de l’eau sur les enfants blonds. Les enfants ne bougeaient pas. Après l’eau, en voyant qu’il n’y avait pas de réaction, ils commençaient à tirer aussi du sable de la rive. Moi je continuais à rester immobile comme paralysé par la lumière. L’eau commençait à tomber aussi sur les accompagnateurs des enfants. Et puis ça s’est passé dans un clin d’œil, un mouvement léger de la tête par celle qui parait être la cheffe de la compagnie et ce fut tempête. Un hurlement haut et fort et des mots criés dans une langue méconnue et une foudre lumineuse blonde géante se lança sur mon groupe d’amis en les accablant avec une première rafale rapide de pierres, suivie par une charge rapidissime sur les ennemies dans l’eau sans même s’enlever les shorts et les t-shirts blanches. Moi je restais immobile et personne ne se songeait de moi. Au milieu des étouffements de mes copains qui se faisaient noyer par les autres, du sang qui coulait de leur sourcils blessés par les pierres tirés avec précision pour aveugler les adversaires, moi je restais comme enchanté. Ni une pierre, ni un des enfants adversaires m’avait touché ou essayez de noyer dans l’eau. Et même si le tout durait quelques secondes, le temps me parait s’être dilatée à l’infini. Mes copains sortaient de l’eau en pleurant et en claudiquant, ils appelaient les parents ou d’autres essayaient silencieusement de mettre de la distance entre eux et le bataillon adversaire. Moi je continuais à rester immobile, incapable de bouger, les yeux figés devant moi. Les enfants adversaires commençaient à crier des mots incompréhensibles, mais qui me semblaient des hurlements de joie et de victoire. Puis un silence, tout le monde s’arrête, la cheffe qui dit quelque chose, un enfant plus blonde et lumineuse des autres se faisait de l’espace entre le groupe et s’approchait vers moi avec une énorme pierre serrée dans son énorme main en disant étrangement dans ma langue, mais avec un fort et dur accent jamais entendu auparavant : «C’est à moi !». Elle me se parait devant. Elle était toute mouillée et encore reniflant la rage par la chargé précédente. Une longue second passait. Moi je la regardais dans ses yeux bleus profonds et je me sentais envahir par un sentiment de perte, défaite et mélancolie jamais éprouvée auparavant. Ça doit être ça l’amour. Je restais immobile et elle aussi devant moi en me regardant avec mépris fixe dans les yeux. Puis la voix de la cheffe de l’expédition : « Khgetzwy Milena ! ». Et puis rien. Le noir absolu. Je ne me souviens plus de rien.


Je me réveillais dans mon lit, J’ouvrais les yeux. Dans la chambre il y avait mes parents, le vieux médecin du village, notre oncle de la part de ma mère qui était prêtre, mon frère et ma sœur et au fond de la salle mon grand-père assis sur la chaise où il passait presque toute la journée. Tout le monde parlait en même temps, sauf mon grand-père qu’en général il ne disait jamais rien. J’entendais la voix de mes copains venir par l’extérieure à travers la fenêtre ouverte : « On va les achever ! » « Oui, nous n’étions pas prêts ! » « Oui ! Connards ! » « Ils doivent avoir au moins 18 ans ! C’est sûr ! » « Et ils s’habillent comme des cons ! » « Oui, des vrais cons ! » « Et ils ne connaissent même pas les règles des combats à la mer. Bande d’ignorants ! » « Mais s’ils ne connaissent pas les règles c’est impossible de se battre avec eux…» «Uhm oui t’as raison, ils sont trop ignorants ! Des barbares ! » « Oui, on ne peut pas descendre à leur niveau… » « Oui, on va les ignorer ! Personne ne parle plus avec eux ! » « C’est juste ! Nous sommes meilleurs ! » J’entendais la voix de tout le monde, sauf celle de Pierre-Marie D’Angers. Peut-être lui aussi il était dans sa chambre achevé par le combat. Mais finalement j’entendais sa voix, il prenait la parole pour dire seulement « Putain, s’ils étaient grands ! » et le silence se fit. Ma mère s’aperçoit que je m’étais réveillé et il se lance sur mon lit : « Chéri ! Oh mon petit ! Dis-moi quelque chose ? » Mon père restait distant avec le prêtre, pendant que le médecin s’approchait en disant « Alè Alè tout va bien ! Tout va bien ! C’est pas grave ! ». « Dis-moi quelque chose ! » Insistait ma mère. Mais moi je n’arrivais à rien dire. Puis finalement mon père aussi s’approche, me prend par les épaules et commence à me secouer « Parle ! Parle ! Parle ! » Mais l’oncle prêtre intervient avec l’autorité qu’il avait depuis toujours sur tous les familiers et dit : « Mais laisse-lui le temps, laisse-lui le temps de se reprendre ! » Alors mon père me laisse et je m’enfonce encore plus dans l’oreiller. Une pause silencieuse se passe et puis j’essaie de parler, je me force de parler, de dire quelque chose. Sauf mon grand-père immobile sur sa chaise dans le fond de la scène, tout le monde s’approche et plus mes efforts deviennent évidents, plus ils se font proches. « Vas-y ! » dit mon frère. « Alè ! C’est rien ! » insiste le vieux médecin. Et puis j’ai réussi, quelque chose a remonté du profond de mon estomac jusqu’à mes lèvres et j’ai dit « Milena ».


Tout le monde fit un pas en arrière en se regardant abasourdi. Puis dans le fond de la scène mon grand-père commence à rigoler. Avant lentement après de plus en plus fort, mais tellement fort comme jamais nous l’avions entendus rire. L’étonnement général devenait encore plus fort. Moi je disais encore une fois « Milena » et mon grand-père rigolait encore plus fort et pendant qui rigolait il commença à dire « Une femme ahahahah une femme AHAHAH c’est une femme AHAHHAHAAHA une femme… » et il ne s’arrêtait pas.

L’ambulance qui portait à l’hôpital le grand-papa qui continuait à rigoler fort jusqu’à à avoir les larmes aux yeux en arrivant pas à se retenir jusqu’à en avoir des convulsions et à dire « une femme, une femme, AHAHAHAH » résonnait déjà distante. Personne n’était resté dans ma chambre maintenant. Mon père avait pris tout le monde dans la voiture pour suivre l’ambulance avec le grand-papa et maman qui était allée avec lui. Le grand-papa ne serait jamais rentré à la maison.


Moi, seul dans le lit, dans le noir de ma chambre, je ne pensais pas à tout ça. Je pouvais penser seulement à une chose et répéter seulement un mot, un nom à fleur de lèvres et il me parait déjà de savoir que je n’aurais pas pu me laisser de le répéter et que ce nom j’allais le répéter encore longtemps, Milena, Milena et encore Milena.


50 visualizzazioni0 commenti

コメント


bottom of page